Deux fois par an, on décale son horloge pour mieux suivre les variations d’ensoleillement et économiser de l’énergie. Si 70 pays appliquent le changement d’heure, celui-ci a toujours été critiqué par les scientifiques. Pourquoi ? Comment s’y préparer au mieux ?
Changement d’heure : pour quoi faire ?
Les hommes ont, de tout temps, adapté leurs périodes d’éveil et d’activité à l’ensoleillement saisonnier. Mais c’est Benjamin Franklin, célèbre homme de sciences et de lettres américain, qui a formalisé l’idée de se lever une heure plus tôt le matin, histoire d’économiser de l’énergie en profitant de davantage de soleil le soir… Si sa suggestion date de 1784, l’entrée en vigueur dans les différents pays ne se fera qu’au 20ème siècle, d’abord en Allemagne puis en Grande-Bretagne, pour diminuer la consommation de fuel lors de la première Guerre Mondiale. En France, ce n’est qu’en 1975 que la pratique a été officiellement adoptée.
Ainsi, en avançant l’horloge d’une heure au printemps, on fait coïncider les périodes d’activité avec l’ensoleillement naturel, de sorte à profiter de la clarté en soirée. À l’automne, on « recule » l’horloge pour revenir à l’heure normale.
Le changement d’heure en pratique
Aujourd’hui, 70 pays imposent un changement horaire deux fois par an. Mais toutes les pendules ne sont pas à la même heure ! Dans l’hémisphère nord, l’heure d’été « débute » entre mars et avril, pour se terminer entre septembre et novembre. C’est donc l’inverse dans l’hémisphère sud.
En Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), le changement vers l’heure d’été se fait le deuxième dimanche de mars et celui vers l’heure d’hiver le premier dimanche de novembre. C’est deux semaines avant l’Europe, qui passe à l’heure d’été le dernier dimanche de mars et à l’heure d’hiver le dernier dimanche d’octobre (tout cela a été uniformisé en 1998). Un casse–tête ? Rien par rapport à ce qui régnait aux Etats-Unis dans les années 50-60, où chaque état était libre d’appliquer ou non le changement d’heure. Un vrai capharnaüm !
Des changements d’heure pas si anodins !
Le passage à l’heure d’été, au printemps, consiste à avancer l’horloge d’une heure durant la nuit (passant ainsi de 2 heures du matin à 3 heures directement). Voilà qui fait perdre, concrètement, une heure de sommeil.
A priori, la population devrait s’habituer rapidement à ce petit réglage. Mais de plus en plus d’études suggèrent qu’un tel changement n’est pas anodin pour l’organisme. Certaines données montrent que l’impact est ressenti pendant au moins une semaine. Le Sénat français, lui, dans un rapport de 1996, soulignait que le monde médical voit dans ces changements d’heure « une source supplémentaire de fatigue, au moment du printemps ».
La transition d’automne, à l’inverse, fait « gagner » une heure au lit. Mais les études montrent qu’en moyenne, les gens ne dorment pas une heure de plus. Le gain est donc tout relatif !
Selon plusieurs analyses, les changements d’heure sont davantage suivis d’accidents de la route, en raison d’une fatigue accrue et d’une perturbation des rythmes biologiques. Le sommeil serait plus fragmenté, moins réparateur, et nombre de personnes souffriraient de troubles d’endormissement.
Comment préparer le changement en douceur ?
Pour anticiper les changements d’heure et éviter une rupture trop brutale du rythme biologique, plusieurs scientifiques conseillent de procéder à un changement graduel des horaires de coucher et de lever, plutôt que de changer de 60 minutes d’un seul coup en fin de semaine.
Ce conseil est surtout valable pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou celles souffrant de troubles du sommeil, qui sont particulièrement sensibles aux changements de rythme. C’est encore plus important au printemps, lorsqu’on perd une heure de sommeil.
Ainsi, 6 jours avant le changement, commencez à décaler le réveil de 10 ou 15 minutes. Mais attention ! Il faut aussi se coucher un peu plus tôt chaque soir précédant le passage à l’heure avancée d’été. Voilà qui est plus facile à dire qu’à faire, surtout avec des adolescents !
Dites-vous que c’est justement l’occasion de rétablir un rythme régulier de coucher, une mesure indispensable pour assurer aux enfants une bonne qualité de sommeil.
Juste avant et après le changement d’heure
Le samedi qui précède le changement d’heure printanier, certains experts recommandent de faire de l’exercice, de se fatiguer, et de s’exposer en extérieur à la lumière du jour. Attention toutefois à ne pas s’agiter trop dans la soirée, ce qui pourrait avoir l’effet contraire et retarder l’heure de l’endormissement.
Le dimanche matin, après le changement, il est conseillé de ne pas trop traîner au lit, histoire d’aider l’organisme à s’ajuster rapidement, et de lui éviter un choc le lundi matin. Encore une fois, sortez profiter de la lumière extérieure : elle aidera à recaler votre rythme circadien.
Enfin, suivez les conseils habituels d’hygiène du sommeil : pas d’excitant après 16h, pas de repas trop lourd ou trop alcoolisé le soir, faire une activité relaxante avant de dormir en évitant la télévision et autres écrans lumineux qui empêchent l’organisme de sécréter correctement la mélatonine – l’hormone du sommeil. Comme toujours, mieux vaut prévenir que guérir !
Article rédigé par Marine Corniou