Dessine-moi un oiseau !
J’étais face à la feuille encore vierge, prêt à tout envoyer promener, mais Jessica, ma fille, attendait son dessin. Je lui avais promis le plus bel oiseau au fusain qu’elle ait jamais vu.
Seul petit problème : je suis un piètre dessinateur. Du haut de ses 8 ans, Jessica, elle, ne craint rien surtout pas l’irritation de son papa qui a horreur qu’on le lui fasse remarquer quand il manque d’imagination…
– Papa, pourquoi tu dis rien ?
– Je me concentre, j’essaie de me représenter ton oiseau, mais ça ne vient pas.
– Pourquoi ?
– Parce que je n’ai pas beaucoup d’imagination.
– Pourquoi ?
– Parce que je n’en ai jamais eu, je ne suis pas très fort en dessin.
– Pourquoi ?
– Ben… heu… C’est de famille. Mon père était nul en dessin lui aussi.
– Pourquoi ?
– Ben… certainement que mon grand-père n’était pas très doué lui non plus.
– Ah… Et pourquoi ?
– Heu… je ne sais pas Jessica.
Après chaque réponse, ma fille me demandait « Pourquoi ? » et ainsi de suite. Jusqu’à ce que je ne puisse plus répondre et que je me retrouve face à mes faux prétextes: la peur de rater, l’assurance de ne pas savoir dessiner, et que je ne saurai jamais.
Les questions de ma fille m’ont poussé dans mes retranchements et j’ai compris : si je n’essaye pas, je n’y arriverai pas. Après tout, aucune fatalité ne pèse sur mes épaules et même si mon ancêtre ne s’appelle pas Léonard de Vinci, je dois être capable de dessiner un oiseau.
J’ai pris mon temps, mais j’ai réussi : ma fille a eu son oiseau. Un magnifique corbeau qu’elle a accroché au-dessus de son lit et qui fait frissonner sa mère quand elle rentre dans la chambre…
Je n’avais jamais remarqué avec quelle insistance les enfants cherchent à connaître la vérité sur un sujet. Ce sont de vrais philosophes en herbe, des détectives implacables dont les questions poussent à bout bien des adultes forcés parfois d’avouer leur ignorance…
Ainsi, ma petite fille m’a forcé à comprendre que certaines de nos croyances d’adultes étaient de faux prétextes pour ne pas progresser.
« La croyance que rien ne change provient soit d’une mauvaise vue, soit d’une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat. »
Friedrich Nietzsche
BIEN écrit………le principal pour un enfant c’est la réponse ……
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