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5 mars, 2012

Faut-il diaboliser le sucre ? …

Classé dans : Santé (166) — coukie24 @ 15:34

 

Faut-il diaboliser le sucre ?

Si on posait la même question pour le tabac, on ferait l’unanimité. Oui, la relation entre le tabagisme, les cancers et les infarctus a été largement démontrée. Oui, la nicotine est une substance puissamment addictive contre laquelle il faut protéger les jeunes. Mais qu’en est-il du sucre qui fait maintenant l’objet d’attaques aux USA aussi bien sur le plan scientifique que politique ?

  • Le sucre, une substance doublement addictive
  • L’usage massif des sucres industriels
  • Alors faut-il diaboliser le sucre ?

Le sucre, une substance doublement addictive

Le sucre est très clairement une substance addictive, et même doublement addictive. Pourquoi ?

Tout d’abord parce qu’à l’instar de la nicotine, nous disposons dans notre cerveau de récepteurs au glucose, la forme chimique la plus simple du sucre.

Ensuite parce qu’au contraire de la nicotine, nous en avons besoin pour vivre, le glucose étant notre source d’énergie la plus directement assimilable. De plus, le cerveau consommant à lui seul le quart de notre énergie, sa dépendance au sucre est encore plus forte. C’est pourquoi nous retrouvons des sucres dans notre alimentation, pour la moitié de nos apports, le reste étant constitué d’acides gras et de protéines.

Ce pouvoir addictif du sucre – qui peut agir comme une véritable drogue – est parfaitement illustré par la découverte du sucre raffiné obtenu à partir de la canne à sucre. Dès que le sucre, « pur » ou raffiné, a été disponible, les besoins ont véritablement explosés, amenant à augmenter massivement les terres cultivables pour la canne à sucre. Cela a été la base de l’esclavage aux Antilles au 18ème siècle.

L’usage massif des sucres industriels

De nos jours, nous consommons du sucre de multiples manières, tant de canne à sucre ou de betterave, que par l’utilisation de fructose (le sucre des fruits) ou de sirop de glucose à haute teneur en fructose issu du maïs (pour sucrer notamment les sodas ou les plats cuisinés).

Ceci explique pourquoi notre consommation de sucre augmente de manière considérable. Si au début du 19ème siècle, notre consommation moyenne de sucre pur était d’environ 5 kg par an et par personne, elle est passée de nos jours à 35 kg par an et par personne.
Aux Etats-Unis, cette consommation annuelle de sucre pur atteint 70 kg par personne ! D’où l’épidémie d’obésité que l’on observe Outre Atlantique, la proportion de gens obèses atteignant les 40 % dans certains Etats…

Comment les Américains en sont arrivés là ? La moitié du sucre raffiné qu’ils consomment provient des boissons, comme les sodas, les jus de fruits, les boissons chaudes, etc. Les Américains passent leur temps avec un gobelet à la main et ne boivent que très peu d’eau. Ensuite, ils grignotent sans cesse des friandises, des barres chocolatées, des snacks, etc. Pour terminer, lors de leurs principaux repas, ils font appel essentiellement à des plats cuisinés industriels et à des fast-foods, les Américains ne faisant plus la cuisine eux-mêmes.

Que constater en Europe ? Que nous prenons le même chemin, que l’épidémie d’obésité nous touche, que nous cuisinons de moins en moins et que nous consommons de plus en plus de produits fortement sucrés. C’est d’autant plus préoccupant qu’il est maintenant scientifiquement établi qu’une consommation excessive de sucre raffiné ou industriel est retrouvée derrière de nombreuses maladies, comme l’obésité morbide bien entendu, mais aussi le diabète, l’infarctus et l’attaque cérébrale, et encore les cancers.

Alors faut-il diaboliser le sucre ?

 On comprend pourquoi les institutions américaines veulent le faire car c’est devenu le problème de santé publique N°1 dans ce pays.

La question se pose maintenant en Europe, car il faut inverser la tendance et ne pas copier le système américain. Cela veut dire qu’il faut une mobilisation globale de la société pour une alimentation saine et qu’il faut dans ce but convaincre les industriels d’améliorer leurs produits et les consommateurs d’être attentifs aux étiquettes et à leurs choix.

Plus que jamais, la promotion de la bonne cuisine, des bons produits, de l’eau comme boisson et des bonnes habitudes est essentielle, notamment dans les écoles, les familles et les collectivités.

Source : Lustig R. Nature, 2 février 2012.

Article publié par Dr Philippe Presles le 10/02/2012 – 14:03

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