Toussaint, Poème de Narcisse Sellier
Voici venu le temps où les feuilles jaunies
Jonchent le sol boueux de leurs débris épars –
Dans le ciel alourdi de brumes infinies
Les lugubres corbeaux chantent de toutes parts.
C’est le temps où chacun rend un culte pieux
A ceux qu’il a connus quand ils étaient sur terre,
Où l’âme cherche une âme et scrute en vain les cieux…
Le temps qui voit fleurir le morne cimetière.
O Vivants d’autrefois, qui n’êtes que des ombres
En un monde inconnu jaloux de son secret,
Savez-vous que mon cœur empli de pensées sombres,
Garde de votre mort un éternel regret ?
O Morts, par qui nos jours s’écoulèrent si doux,
Nous vous gardons encor le meilleur de nous-mêmes
Puisqu’aux heures de deuil qu’obscurcit un ciel blême
Nos souvenirs vous font vivants auprès de nous !…
Narcisse Sellier – pseudo Michel Rochefort
Octobre 1932
« Les reliques du cœur ont aussi leur poussière »
Alfred de Musset