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21 février, 2009
Des petits talibés tristes et malheureux…
La diffusion de l’enquête de Daniel Grandclément sur les enfants talibés dans le port sénégalais de M’Bour, « Les enfants perdus de M’bour », lors de la précédente émission de Thalassa-FR3, a suscité un incroyable mouvement de solidarité pour défendre les droits fondamentaux de ces enfants.
Spontanément, une pétition a été mise en ligne par les « télénautes » de Thalassa, à l’attention du secrétaire de l’ONU, Monsieur Ban Ki-Moon sur le site www.mesopinions.com, catégorie Droits de l’homme : « Stop à l’esclavage des Talibés ».
Les enfants perdus de M’Bour (reportage ci-dessous)
Un reportage de Daniel Grandclément et Odile Grandclément
Une production DGP – FR3 – Emission Thalassa du 20.02.2009La scène se passe à M’Bour, un port du Sénégal. Des dizaines d’enfants mendient, chacun avec la même gamelle à la main. Ils ont entre 4 et 15 ans. Tous sont en haillons, sales, et semblent inexorablement seuls et abandonnés. Ils sont partout, à chaque coin de rue, chaque carrefour. Ce sont eux qui ont en charge les basses besognes. Ils aident au déchargement du poisson, récurent les coques des pirogues et même quelquefois partent en mer avec les pêcheurs.
Ce sont des Talibés, des élèves des écoles coraniques. Toutes celles-ci ne sont pas logées à la même enseigne, mais celles de M’bour, comme des centaines d’autres au Sénégal, obligent leurs élèves à mendier l’essentiel de la journée. Quelques- unes les obligeant même à rapporter de l’argent sous peine d’être impitoyablement battus.
Chaque village africain abritait autrefois son école coranique. Le maître, le marabout, en contrepartie de l’enseignement qu’il prodiguait à ses élèves, les envoyait cultiver son champ et, un bref moment de la journée, quémander de la nourriture dans les maisons du village.
L’exode rural a bouleversé ces pratiques. Les villages vides, certains maîtres installent leurs écoles dans les villes et les enfants consacrent la majeure partie de leur temps à la mendicité. Et quand ils ne mendient pas, ils apprennent le coran. Par cœur, des heures durant, sous le fouet du Marabout, luttant contre le sommeil et la faim.
En visite à M’bour pour filmer un autre sujet j’ai été bouleversé par la vision de ces foules d’enfants tristes, et c’est pourquoi j’ai voulu vivre quelques semaines à leur côté. J’en rapporte ce film, ces images dures, témoins d’un phénomène qui prend chaque jour de l’ampleur. A cause de la sècheresse, de la misère qui monte, d’une certaine forme d’intégrisme, le nombre de talibés malheureux augmente massivement dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest.