Le bien et la bonté…
Le bien et la bonté « Tzvetan Todorov a justement pointé le fait que, contrairement à ce qu’entretient la croyance populaire (croyance responsable de nombreux désastres dans les sociétés modernes et dans la vie de leurs membres), la valeur véritable, celle qui devrait être recherchée et pratiquée, c’est la bonté et non le «bien». De nombreux crimes répugnants, collectifs aussi bien qu’individuels, ont été perpétrés, au cours du siècle dernier (et encore aujourd’hui), au nom du bien. Le bien renvoie à une valeur absolue : si je sais ce que c’est, je suis autorisé à justifier n’importe quelle atrocité en son nom. La bonté signifie au contraire écouter l’autre, elle implique un dialogue, une sensibilité aux raisons qu’il ou elle peut invoquer. Le bien évoque l’assurance et la suffisance, la bonté plutôt le doute et l’incertitude – mais Odo Marquard, sage philosophe allemand, nous rappelle que lorsque les gens disent qu’ils savent ce qu’est le bien, vous pouvez être sûr qu’ils vont se battre au lieu de se parler… » Extrait d’un entretien avec Zigmunt Bauman, intitulé « Où est passée la société ? » et publié dans la revue « Sciences Humaines » n°165 de Novembre 2005 |