Chat échaudé craint l’eau froide
Qui a connu la souffrance évitera toute situation analogue pour ne pas risquer de souffrir à nouveau
Cette locution proverbiale est fort ancienne : dès le XIIIème siècle, on peut lire en ancien français « chat eschaudez iaue creint » (chat échaudé craint l’eau). La formulation qu’on lui connaît aujourd’hui n’aura fait que renforcer l’idée maîtresse de crainte exagérée, en insistant sur le caractère inoffensif de l’eau… froide.En effet, échauder, pris dans son sens propre, désigne l’action de jeter sur quelqu’un ou quelque chose un liquide bouillant, ou de l’y tremper. C’est de cette manière notamment qu’on procédait pour enlever les poils ou les plumes d’un animal mort.On peut donc aisément imaginer qu’un chat ayant subi un tel traitement encore vivant puisse devenir extrêmement méfiant rien qu’à la vue d’un récipient contenant tout liquide susceptible d’être douloureusement chaud, quand bien même il serait glacé… le traumatisme occasionné par la brûlure ayant annihilé le raisonnement de l’animal.La métaphore est aisément transférable à l’homme : qui n’a pas, après avoir été blessé physiquement ou moralement, préféré éviter de se retrouver en pareille situation tant physique que psychologique, pour ne pas risquer de subir à nouveau la même épreuve, alors même que sa raison lui affirmait que ce n’est pas parce que c’est arrivé une fois que cela arrive à chaque fois… ?
Un exemple à la fois individuel et universel : l’échec amoureux, qui amène parfois à généraliser à l’ensemble des femmes, ou des hommes, les traits de caractère de celle ou de celui qui fut à l’origine de nos souffrances…Un exemple plus subtil, plus collectif, et plus dur à admettre au sein de nos propres vies : la tendance qu’ont certains d’entre nous, par peur, à étendre les actions négatives d’une minorité à l’ensemble de leur groupe d’appartenance, de leur ethnie ou de leur classe sociale… avec l’impression que si on se défie de l’ensemble, on encourt moins de « risques »… Ainsi peuvent naître le racisme, l’homophobie, le nazisme, et tant d’autres familles d’intolérances…
Pays / Région |
Expression équivalente |
Traduction littérale |
Allemagne
Proposé par chipie |
Ein gebranntes Kind scheut das Feuer |
Un enfant brûlé craint le feu |
Angleterre
Proposé par eureka |
A burned chid dreads the fire |
Un enfant brûlé redoute le feu |
Angleterre / États-Unis
Proposé par God |
Once bitten, twice shy |
Une fois mordu, deux fois plus effrayé |
Brésil
Proposé par crisaidi |
Gato escaldado tem medo de água fria |
Chat échaudé craint l’eau froide |
Côte d’Ivoire
Proposé par Donkmaieu |
Lorsqu’un serpent te mord et que tu vois le ver de terre, tu te méfies de lui. |
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Italie
Proposé par salix9506 |
Can scottato dall’acqua calda teme la fredda |
Chien brûlé par l’eau chaude craint la froide |
Roumanie
Proposé par eureka |
Cine s-a fript cu ciorbă, suflă şi-n iaurt |
Tel qui s’est brûlé avec de la soupe, souffle même dans le yaourt |
Tunisie
Proposé par eureka |
Elli klé degga biha mét |
Celui qui a été piqué en est mort |